Comprendre les grandes marées d'équinoxes
Qu'est-ce qu'une marée ?
La marée désigne le mouvement quotidien montant puis descendant des océans et des mers. Le phénomène de flux et de reflux des eaux a lieu deux fois par jour durant un cycle de 12 h et se répète à l'infini.
La marée est le résultat de l'attraction de la lune et du soleil sur la mer, mais également de la rotation de la terre qui génère une force centrifuge.
Le Soleil, bien que sa masse soit bien plus grande et du fait de son éloignement plus important, exerce une attraction plus faible sur la Terre que celle de la Lune. En effet, bien que plus petite que le Soleil, la Lune exerce une attraction plus forte sur la Terre car elle est située plus près de la Terre. C'est cette attraction gravitationnelle cumulée qui a pour conséquence de déformer la surface des océans en induisant un soulèvement des eaux.
Cette attraction dite gravitationnelle varie en fonction de la position de la lune et du soleil par rapport à la terre : si ces deux astres sont du même côté ou diamétralement opposés, il y aura un mouvement ascendant, on parle alors de vives-eaux ou grande marée. S'ils sont situés à 90° l'un de l'autre l'effet de leurs attractions se soustrait, ce sera un mouvement descendant, on parle alors de mortes-eaux.
L'amplitude du mouvement des eaux varie suivant la position du soleil et de la lune par rapport à l'axe de la Terre. Plus ils sont alignés avec la Terre et plus la marée sera de grande amplitude.
Qu'est-ce que les coefficients de marée ?
Les coefficients de marées permettent de mesurer l'importance d'une marée. Le coefficient est compris entre 20 à 120 et résulte d'un calcul qui prend notamment en compte la hauteur de la pleine mer et le niveau moyen de la mer.
Les marées moyennement faibles (eaux-mortes moyennes) ont un coefficient de 45 et les marées moyennement fortes (eaux-vives moyennes) ont un coefficient de 75. Les grandes marées observées sur les côtes sont celles qui dépassent 90. Le coefficient 119 a été atteint deux fois, en 1918 et en 1993.
Qu'est-ce que le marnage ?
Le marnage (ou l'amplitude de marée) est la différence de la hauteur d'eau entre la pleine mer et la basse mer. Ainsi plus les marées sont fortes et plus le marnage est important. L'importance des marées dépend également en grande partie du marnage.
Sur les côtes françaises, le marnage est plutôt fort au niveau de l'océan Atlantique avec des grandes marées qui peuvent monter à plus de 10 mètres au Mont Saint-Michel. Durant les équinoxes, ce marnage est de l'ordre de 15 mètres et peut atteindre 16 mètres en cas d'eaux-vives exceptionnelles.
Pourquoi les marées d'équinoxes sont plus importantes ?
Les grandes marées d'équinoxe interviennent tous les six mois. Lors des équinoxes, le Soleil exerce une attraction plus forte sur la Terre que le reste de l'année : le Soleil, la Lune et l'équateur (l'axe de la Terre) étant parfaitement alignés.
Ceci explique pourquoi les plus fortes marées se produisent aux équinoxes d'automne (autour du 22 septembre) et du printemps (autour du 20 mars), alors que les plus faibles marées se produisent aux solstices d'hiver (lorsque le jour est le plus court) et d'été (lorsque le jour est le plus long).
On observe un parfait alignement du Soleil et de la Lune avec l'Équateur lors des grandes marées d'équinoxe, et une inclinaison de l'Équateur par rapport à la Lune et au Soleil lors des faibles marées de solstices.
Pour ce qui est des marées d'équinoxes connues comme "Les marées du siècle", elles ne se produisent que tous les 18 ans, avec des coefficients particulièrement élevés atteignant au moins 119. Elles s'expliquent par le fait que les orbites du Soleil, de la Lune et de la Terre reprennent exactement la même configuration tous les 18 ans. La dernière est survenue le 21 avril 2015, la prochaine est annoncée pour le 3 mars 2033, et la suivante le 14 mars 2051…
Les conditions météorologiques qui amplifient les grandes marées
Il y a trois facteurs susceptibles d'amplifier l'importance d'une marée :
- La pression atmosphérique qui fait varier la hauteur d'eau. Un anticyclone, ou haute pression, "appuie sur la mer" et fait baisser le niveau. A l'inverse, une dépression, ou basse pression, fait monter le niveau de l'eau. Les prévisions de marées sont toujours considérées à une pression de 1013 hpa. Chaque hectopascal de plus ou de moins correspond à 1 cm de plus ou de moins sur la hauteur d'eau. Entre une pression barométrique de 1013 et 1003 hectopascals, la mer sera donc plus haute de 10 cm.
- En cas de tempête, les vagues ou la houle peuvent également engendrer des montées d'eau supérieures aux prévisions de marée.
- Un vent de mer peut pousser la mer, notamment au fond d'une baie dont les fonds remontent doucement, augmentant la hauteur d'eau. À l'inverse, un vent de terre fera diminuer le niveau.
La combinaison des trois facteurs, associés à une grande marée d'équinoxe, peut ainsi engendrer inondations, vagues submersives et mascaret.
Le mascaret est la rencontre du courant d'un fleuve qui se jette dans l'océan et de la force d'une grande marée qui se dirige en sens inverse. La poussée d'eau de la marée qui se déplace vers l'intérieur des terres crée des vagues remontant le fleuve.
Grandes marées d'équinoxes : quel intérêt photographique ?
Quelque que soit l'évènement photographié, il est recommandé de se préparer : comprendre le phénomène photographié, faire un repérage du site, consulter la météo, les horaires des marées et du lever et coucher de soleil ainsi que son orientation, éléments qui varient au fil des saisons, ce qui permettra de déterminer les meilleures lumières. Cette préparation permet d'être positionné au bon endroit au bon moment le jour J…
Pour ce qui est des marées d'équinoxe, l'éventail potentiel de clichés est multiple : quais et rives submergés, vagues déferlantes, mascaret, et à marée basse la mer découvre des fonds qui sont habituellement immergés et inaccessibles le reste de l'année.
Les trois photos ci-dessous illustrent ce dernier exemple : la barre d'Etel par une marée classique.
La seconde faite lors de la marée d'équinoxe du 12 Mars 2024, avec un coefficient de 117, découvrant la digue et les nombreux brise-lames immergés en temps normal.
La troisième, prise sur la digue inaccessible en temps normal, avec en premier plan les imposants tripodes en béton, de près de 2 mètres de haut, qui font office de brise-lames. Et qui semblaient bien petits sur la première photo !